C’est la fin de cette histoire compliquée, mais le début d’une autre que je vous raconte déjà depuis un certain moment sur Twitter et sur ce blog : ma vie de maman. Et comme une fin doit être marquante, nous avons encore plein d’émotions !
En salle de réveil, ce que je me rappelle le plus, c’est la lumière du jour qui traversait le plafond en verre puisque nous étions au 6e et dernier étage de l’hôpital. C’est l’image la plus marquante car je n’arrêtais pas d’ouvrir et fermer mes yeux dans une bataille constante pour me garder éveillée. Les infirmières passaient et me disaient de déclencher la morphine régulièrement mais j’avais déjà du mal à contrôler mon sommeil, alors la morphine c’était encore plus dur de m’en souvenir. Sauf, qu’elles créent le besoin de s’en souvenir de cette foutue morphine endormissante.
Entourée par des panneaux afin de me garder dans un espace plus privée et ne pas voir les autres patients a côté, j’étais seule dans mon cauchemar. Deux infirmières passent pour m’enlever des caillots de sang. Elles appuient sur mon ventre fraîchement recousu et j’ai eu mal comme jamais dans ma vie !!! Je n’arrive même pas à décrire la douleur mais je crois que j’ai fait la tronche quand elles ont appuyé. C’était efficace car n’étant plus anesthésiée j’ai senti couler quelque chose par où mon bébé n’a pas voulu passer. J’ai cru que le cauchemar était fini, que cette torture ne se passait qu’une seule fois… Jusqu’au moment quand elles reviennes et REBELOTE ! Elles appuyent encoooooore sur mon ventre bande de salo¶€$. En voyant mes réactions, elles me demandent de noter ma douleur de 0 à 10. J’ai dit 8 par gentillesse tout en ayant envie de dire 15. Et il y a eu encore une troisième fois, sauf qu’elles ont eu une meilleure idée de me demander si je sentais mes jambes et pouvais surélever mon bassin et en le baissant, cela faisait le même effet d’expulsion des caillots. Ouf, c’était vachement mieux !! Mais, jamais 3 sans 4 !! Et pour la 4e fois, pour bien conclure, hop là, on m’a appuyée de nouveau sur le ventre. C’est fini, oui ?
Je n’avais qu’une envie : de ne plus avoir mal ! Mais j’avais l’impression que ça n’allait jamais passer ou au moins pas tout de suite. Alors, on se morphine !! Sauf que plus on se morphine, plus on a sommeil et plus on oublie de se morphiniser et on donc a mal. Les infirmières me demandent à combien était ma douleur toujours dans cette échelle aléatoire et complètement arbitraire basée sur des critères rigoureusement scientifiques et me disent que le but était de quitter la salle de réveil quand ma douleur arriverait à 3.
TROIS ?? WHAT?? Non, non, non ! Je veux sortir d’ici à zéro !! À cet instant précis j’oubliais Grand et Petit Chou qui m’attendaient en bas, je voulais juste que l’on me laisse tranquille jusqu’à ce que je n’ai plus mal. Mais bon, au bout d’un moment, ça allait un peu mieux et on m’a transférée dans ma chambre. Je savais que généralement on passait environ 2h en salle de réveil. J’y suis restée plus au moins 3h. Dans ma tête, je n’étais restée que 30 minutes. Merci de brouiller ma notion du temps, morphine.
Encore à cause de cette morphine, cette première journée reste très floue dans ma tête. Arrivée dans ma chambre (double, quelle joie !), je me rappelle de Grand Chou mais pas du tout du Petit. Je crois que je ne l’ai pas pris dans mes bras. Déjà, car mes efforts premiers étaient de boire de l’eau (j’avais troooop soif) et quelques heures après, toute cette eau a voulu sortir et j’ai du me lever avec l’aide de la sage-femme.
J’étais en train de dîner quand l’envie pressante m’a prise d’assaut. J’avais des pâtes coquillettes – le summum du sans intérêt niveau pâtes a mon goût – et je me bagarrais encore avec mes yeux qui se fermaient tous seuls. La SF est venue m’aider à me lever. Quelques pas séparaient mon lit des toilettes mais sans aide je ne suis pas sûre que j’aurais pu y arriver. Me lever m’a provoqué des nausées. Je me suis contrôlée quand j’étais aux toilettes. Mais de retour au lit, au premier coup de fourchette des pâtes, les nausées sont revenus et j’ai vomi. Mon ventre a fait un bond. J’ai entendu un crac. J’ai paniqué. 😨 J’ai dit à Grand Chou que quelque chose avait craqué. Il m’a rassurée et m’a dit de voir après quand la SF passerait à nouveau. Grand Chou part.
Prochain souvenir, des aides-soignantes viennent prendre mon bébé pour la nuit. Il est 22h environ je crois. Moi je dis OK sans trop savoir de quoi on parle car j’ai encore la tête dans les choux à cause de la morphine. Depuis 18h quelque je n’ai plus mis, mais cette saloperie me dope encore des heures après.
La SF de nuit passe. Elle est super sympa. Je lui dit ce qui s’est passé plus tôt et elle vérifie ma cicatrice. Effectivement il y a au moins un point qui a pété. Elle appelle la gynéco pour recoudtre ce petit point dans la chambre même. En fait il n’y a pas qu’un mais deux à recoudre. Je me rappelle plus si j’ai eu une petite anesthésie locale ou si ça faisait le même nombre de piqûres en recousant directement.
Après ça, je crois que j’ai dormi.
Le lendemain matin, vers 7h,les aides soignantes ramènent le bac à bébé et s’introduisent dans ma chambre osant me réveiller de mon sommeil profond. Elles me disent :
Il faut qu’il mange toutes les 3 heures.
QUI ? MOI ? À cet instant là j’ai mis quelques secondes à récupérer mon cerveau, en émergeant de mon sommeil en même temps que je devrais me rendre compte que j’avais un bébé ! Dur.
Je me lève, je regarde la petite créature dans le bac a bébé et je le mets à côté de mon lit. Quelques heures plus tard quand on vient me parler du biberon et je le prends dans mes bras pour la vraie première fois, c’est comme si je le reconnaissais pas. C’était étrange. Je l’aimais mais il y avait quelque chose de forcé. C’est dur et culpabilisant. À chaque fois que j’y pense, ça m’émeut.
À la fin de cette journée, le lit a mon côté fini par s’occuper. Une enceinte qui sera déclenchée. Pour l’épargner, j’ai opté par laisser Petit Chou en nurserie. Mais c’était dur a m’en séparer. Du coup genre 4h30 peu avant que l’on commence le déclenchement de ma voisine, je suis partie en nurserie car mon bébé me manquait. L’aide soignante m’a dit qu’il était un peu grognon. C’était peut-être la java. Je l’ai pris contre moi et j’ai décidé de garder mon bébé avec moi toutes les prochaines nuits. Je mettais le réveil pour son bib mais je me réveillais toujours avant. Il fallait que je m’habitue aux bruits de mon bébé. On s’en fout des autres, je reste avec mon bébé !
Cette sensation bizarre du début est donc vite fait disparue. Et j’aimais désormais mon bébé pour de vrai, sans aucune sensation étrange ou forcée.
Petit Chou se porte très bien, n’a perdu du poids que le premier jour et a repris les jours suivants. De mon côté, on me dit que ma cicatrice est belle mais je n’ai toujours pas envie de la voir. Je l’ai doucement touchée sur la douche et c’est tout. J’avais quand même une peur bleue de me moucher, tousser, éternuer, péter, etc. Mais j’ai quand même repris mon transit très rapidement. #glamour
Finalement toutes les conditions étaient réunies pour que l’on sorte même un jour avant. Initialement, ma sortie était prévue pour mundi matin mais le samedi soir, la même SF sympa de ma première nuit a appuyé ma demande de sortie auprès de sa collègue de l’équipe du matin.
Petite parenthèse pour la galère à joindre mon endocrino. La SF a réussi à joindre la chef du service d’où j’étais en décembre et elle s’est souvenu de moi et a dit que je savais très bien me gérer 😎 #classe
Bref, je suis sortie dimanche matin. Super contente car ça commençait à chauffer grave a la mater. Presque une semaine après loin de la maison, c’est avec une petite larme aux yeux que je rentre chez moi. Surtout car petit bout était là et on le présentait la maison comme dans mon rêve fait même avant d’être enceinte.
Le dimanche j’ai un peu trop monté-descendu les escaliers – en douceur, bien sûr. On a reçu un peu de monde et j’avais troooop mal aux dos, surtout en fin de journée. Mon côté droit du bidon était un peu gonflé.
Le lundi, toujours mal aux dos, je décide de m’asseoir sur mon ballon de grossesse pendant que je parlais avec mes parents sur skype avec Petit Chou dans mes bras. Le matin j’étais en pleine montée de lait et hyper sensible. Je pleurais pour un rien. Coucou début de baby blues.
Après un bon dîner, je me suis mise au lit pour donner le bib et je recule un peu, avec bébé dans les bras, pour bien me placer. C’est quand je sens quelque chose de bizarre. Mon côté droit coule. D’abord une sorte d’eau et ensuite du sang. J’appelle Grand Chou qui récupère le petit et appelle le 15 de toute urgence.
NOOOOOOON !!!! Je veux paaas aller à l’hosto de nouveau !!!
Mais c’était inévitable. En attendant l’arrivée des pompiers, Grand Chou donnait le bib au petit qui hurlait et ramassait mes affaires pour que je ramène tout.
Les pompiers arrivent, marchent partout sur mon beau tapis blanc et mettent leurs arrières sur mes draps tous propres – oui je suis maniaque avec mon lit, personne n’y touche sans être lavée et en pyjama !! Mais la, je n’avais pas le choix !
On me dirige vers l’hôpital le plus proche que ce n’était pas le même où j’ai accouché. Choueeeeeette !! Encore un hosto pour ma liste !!
Arrivée aux urgences gynéco, on regarde mon bidon et on m’annonce que la cicatrice a lâché, qu’on voir mes viscères et que je dois passer au bloc.
Cauchemar. Moi qui voulait tout simplement rentrer, j’ai désespéré. Combien de jours encore à l’hosto ?? Encore une piqure dans le dos après le mauvais souvenir de la péri ??
L’anesthésiste ultra sympa m’annonce que comme ça fait moins de 2h que j’ai mangé, pas d’anesthésie générale possible, ça sera une rachidienne.
Avant de partir au bloc, j’arrive à appeler Grand Chou pour donner des nouvelles car il fallait pas compter sur l’hosto pour le faire même si j’ai laissé mon numéro à l’infirmière qui m’a charcuté les veines. Car oui, on n’arrivait pas à me piquer. On a fini par réussir quand même mais au bloc.
Pendant que l’on me dirigeait vers le bloc, je répétais de façon incessante : voilà pourquoi je voulais une voie basse. Et la peur d’y rester m’a hantée. Et si ça tournait mal ? Eh bien, ces souvenirs me font monter les larmes aux yeux aussi.
Au bloc, j’ai insisté pour que l’on tienne bien mes épaules durant l’anesthésie. Tout s’est bien passé. Il a cherché un peu avec l’aiguille mais après c’est allé très vite.
J’étais super tendu et je n’arrêtais pas de bouger d’angoisse. Surtout quand je commençais à perdre les sensations des jambes. L’anesthésiste a dit qu’il allait m’attacher et j’ai promis que j’allais arrêter. Je n’ai effectivement pas bougé depuis. J’ai fermé mes yeux et je crois qu’on a penché la table en arrière et j’ai vécu un drôle de trip. C’est comme si j’étais droguée même si je n’ai jamais été droguée de ma vie pour le comparer. J’ai déliré, j’ai eu des drôles de sensations, mais ça m’a détendue. À la fin je les entendais parler match – nous étions en pleine coupe du monde – et j’ai même voulu discuter un peu. Le plus marrant est que le match, c’était Brésil X Cameroun et la gynéco qui m’a opérée est camerounaise et mou, brésilienne. Bref, heureusement qu’elle a pas vengé leur élimination sur moi 😝
Je suis partie en salle de réveil. Pas de morphine cette fois ci, mais un autre produit qui me grattait terriblement. Les jambes ont mis beaucoup plus de temps à être à nouveau opérationnelles. J’ai l’impression que j’étais seule dans la salle de réveil, vu l’heure avancée – je crois qu’il était genre 1h du mat.
En arrivant à la chambre, il y avait déjà une dame à côté, avec des problèmes ophtalmiques. J’ai compris plus tard que je n’étais pas en service gynéco car il n’y avait pas de place, mais j’étais en service ORL. Et c’est pour cette raison que l’on avait complètement zappé de me donner une serviette pour mes pertes.
Encore une fois j’avais trop soif. J’ai bu des petites quantités d’eau et ça a fini par déclencher des vomissements. Deux fois. Tout mon dîner y était. Le lendemain matin, c’est mon petit déjeuner qui s’est transformé en vomito.
Le côté sympa d’être dans le mauvais service est que l’infirmière n’a pas vraiment compris que j’avais besoin d’aide pour me lever une fois qu’ils ont enlevé ma sonde urinaire. Sachant que j’avais beaucoup plus mal que la première fois, le fait qu’elle parte de ma chambre en me laissant me démerder toute seule m’a pas plu. Mais je l’ai fait. Avec ma perf et cie, j’ai même réussi à nettoyer les toilettes avant de les utiliser.
Les deux nuits que j’ai passées la bas fut horribles. Ma voisine, une dame âgée sympa, aimait les émissions d’enquêtes criminelles. Drôle de mamie, quoi. Et moi qui m’attendait de me taper des jeux familiaux à la con qui me feraient le plus grand bien. Car autant vous dire qu’avec ma montée de lait et mon début de baby blues, à chaque fois que je regardais la photo de mon bébé sue le portable, je fondais en larmes. Merci aussi la chute d’hormones.
Je suis sortie le mercredi en début de l’après-midi. Un taxi m’a ramenée car j’avais un bon de transport. Il marchait drôlement vite le monsieur. Je me trainais derrière.
En rentrant chez moi j’ai pris une bonne douche avant de toucher mon bébé. Surtout car je paniquais à l’idée d’avoir choppé le conjonctivite de ma voisine de chambre. J’ai quand même veillé à ne rien toucher après elle, mais bon, la peur était là.
J’ai bénéficié de la visite quotidienne d’une infirmière pour mes piqûres d’anticoagulants et au 7e jour, pour m’enlever les points. À chaque passage je lui demandais de regarder ma cicatrice. J’étais aux petits soins. Je touchais pour sentir si ce n’était pas chaud ni gonflé et j’ai surveillé ma température. Je me suis pas mal ménagée, heureusement pour moi, mon Grand Chou était en congé paternité et m’a beaucoup aidée. J’évitais de descendre au rdc pour ne pas trop forcer.
Quelques semaines après, je suis allée voir la gynéco qui m’avait opérée. J’ai profité pour me faire poser un implant et comme ça je suis tranquille pour trois ans ! La cicatrisation était bien, belle cicatrice – je ne sais pas ce qu’ils ont tous à me dire ça ! Je ne vois aucune beauté dans cette foutue cicatrice.
Avoir un implant, c’est sympa car pas besoin de penser à prendre la pilule – même si je ne l’avais jamais oubliée – et plus de règles. Sauf que je fais partie de celles qui ont des petites pertes aléatoires et drôlement chiantes. Heureusement ma gynéco avait raison, les pertes se sont arrêtées 3 mois après et la chute massive de cheveux a commencé – et je suis en plein dedans !
Du côté de ma vue, j’ai eu un rdv de contrôle début septembre. L’œil gauche n’a plus d’œdème, l’œil droit en a encore un peu. Séance laser prévue pour fin septembre.
Même aujourd’hui je n’ai pas encore entièrement récupéré mavue de l’œil droit. J’ai jusqu’à janvier pour que tout revienne à la normale, sinon j’aurai besoin d’un traitement. Bonjour l’aiguille dans l’œil. Évitons donc, c’est mieux !!
Petit chou a actuellement 5 mois et je continue ma vie heureuse de maman. Je ne regrette absolument pas mon bébé, je regrette juste la façon dont les choses se sont passées. Mais c’est de ma faute. Je garde ma retinopathie et mes tâches noires en souvenir. Je dois être rigoureuse pour que le problème ne revienne.
Je me dis que malgré un mauvais départ, le petit est en pleine santé. Et moi, je me suis bien sortie aussi. Le bilan est positif. Mais pour une prochaine grossesse, il va falloir être beaucoup plus préparée. On a encore le temps.